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classé et étiqueté par M. Saubinet ; mais remarquez-le bien, ces récoltes de chapiteaux sont à peu près partout les mêmes. Dans toutes les Eglises du XIIIe siècle, vous découvrez les feuilles de la vigne, du chêne, du rosier, du lierre, du saule, du laurier et de la fougère, des fraisiers et des renoncules. Presque toujours en effet, les imagiers sculptaient les végétaux indigènes, les plantes de la région où ils travaillaient.

— Voulaient-ils exprimer une idée spéciale avec les couronnes et les corbeilles des chapiteaux ? A Amiens, par exemple, la guirlande de feuillages et de fleurs qui court au-dessus des arcades de la nef, s’enroule le long de l’édifice, côtoie les contours des piliers, a-t-elle, en dehors du but probable de partager la hauteur de l’Eglise en deux parties pour le repos de l’œil, une autre acception ; figure-t-elle une pensée particulière, traduit-elle une phrase relative à la Vierge sous le vocable de laquelle la Cathédrale est placée ?

— J’en doute, répondit le vicaire. Je crois plus simplement que l’artiste qui cisela ces festons a cherché un effet décoratif et nullement prétendu nous raconter, en un langage hermétique, un abrégé des vertus de notre Mère. D’ailleurs, si nous admettons qu’au XIIIe siècle, les sculpteurs usaient de l’acanthe à cause des douceurs émollientes qu’elle implique, du chêne parce qu’il spécifie la force, du nénuphar, parce qu’il simule, à cause de l’ampleur de ses feuilles, la charité, nous devons également supposer qu’à la fin du XVe siècle, alors que l’art du symbolisme n’était pas encore entièrement perdu, les chicorées, les choux frisés, les chardons, les plantes aux touffes laciniées qui s’associent aux lacs d’amour