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Arthemidore nous assure que si l’on rêve d’elles, c’est un signe de deuil ; de même pour la laitue et l’oignon, ils pronostiquent des catastrophes. Les petits pois sont mieux famés, mais gardez-vous surtout, comme d’une peste, de cette coriandre dont les feuilles sentent la punaise, car elle faît naître tous les maux !

Par contre, selon Macer Floridus, le serpolet guérit les morsures de serpent, le fenouil stimule chez la femme les siestes du sang, et l’ail, mangé à jeun, préserve des maléfices que l’on pourrait contracter, en buvant d’une eau inconnue ou en changeant de place… plantez donc des prairies entières d’ail, Madame Bavoil.

— Le père ne l’aime pas !

— Il convient aussi, poursuivit gravement l’abbé Plomb, de vous inspirer des livres du maître de Saint Thomas d’Aquin, d’Albert le Grand qui, dans les traités qu’on lui attribue à tort sans doute sur les vertus des herbes, les merveilles du monde et les secrets des femmes, émet quelques aperçus qui ne sauraient, j’aime à le penser, demeurer vains.

N’est-ce pas lui qui atteste que la racine de plantain est excellente contre les maux de tête et les ulcères ; que le gui de chêne ouvre toutes les serrures ; que la chélidoine, appliquée sur la tête d’un malade, chante s’il doit mourir ; que grâce au jus de la joubarbe l’on peut saisir un fer chaud sans se brûler ; que la feuille du myrte tressée en anneau réduit les apostèmes ; que le lys pulvérisé et mangé par une jeune fille permet de s’assurer si elle est vierge car, au cas où elle ne le serait point, cette poudre acquiert, aussitôt qu’elle l’a absorbée, les irrésistibles vertus d’un diurétique…