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aussi, je lui ai promis de les contempler, ses légumes ! s’écria Durtal.

Ils traversèrent les anciennes allées, atteignirent le verger en contre-bas, et, dès que Mme Bavoil les vit, elle se mit au port d’armes des jardiniers, le pied posé sur le fer de la bêche fichée en terre.

Elle montra fièrement ses plants alignés de carottes et de choux, d’oignons et de pois, annonça qu’elle méditait une excursion dans le domaine des cucumères, s’emballa sur les concombres et les courges, finit, en déclarant qu’elle réserverait, au fond du potager, une place pour les fleurs.

Ils s’assirent sur un tertre qui formait une sorte de banc.

En veine de taquinerie, l’abbé Plomb remonta ses lunettes munies d’une arche sous laquelle descendait le nez, et se frottant les mains, très sérieusement, il dit :

— Madame Bavoil, les fleurs et les légumes sont de piètre importance, au point de vue décoratif et comestible ; ce qui doit seul vous guider dans le choix de vos cultures, c’est le sens symbolique de vertus ou de vices prêté aux plantes. Or, je crois le remarquer, vos élèves avèrent, pour la plupart, de fâcheux augures.

— Je ne comprends pas, Monsieur le vicaire.

— Dame, songez que ces végétaux que vous choyez annoncent de funestes présages. Vous avez des lentilles ?

— Oui.

— Eh bien, la lentille possède des graines sournoises et ténébreuses. Dans son « Interprétation des Songes »,