Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

célébrer la gloire du Seigneur en des termes inspirés par Lui-même, en une langue que Lui-même a parlée par la voix de David et des Prophètes. Sept fois par jour, les Bénédictins remplissent le devoir de ces vieillards de l’Apocalypse que Saint Jean nous montre dans le firmament et que les imagiers ont sculptés, jouant des instruments, ici-même, à Chartres.

En résumé, leur fonction particulière, n’est donc point de s’inhumer dans la poudre des âges, ou bien encore d’exercer la substitution des péchés et la suppléance des maux d’autrui, ainsi que les ordres de pure mortification, tels que les Carmélites et les Clarisses ; leur vocation est de pratiquer l’office des Anges ; c’est une œuvre d’allégresse et de paix, une avance d’hoirie sur la succession jubilaire de l’au-delà, l’œuvre qui se rapproche le plus de celle des purs esprits, la plus élevée qui soit, sur la terre, en somme.

Pour s’acquitter, convenablement de cet emploi, il faut, en sus d’une ardente piété, une science foncière des Ecritures et un sens affiné de l’art. Les vrais Bénédictins doivent donc être à la fois des Saints, des savants et des artistes.

— Et le train-train journalier que l’on vit à Solesmes ? demanda Durtal.

— Très méthodique et très simple — matines et laudes à 4 heures du matin — à 9 heures, tierce, messe conventuelle et sexte — à midi, dîner — à 4 heures, nones et vêpres — à 7 heures, souper — à 8 heures 1/2, complies et grand silence. Vous le voyez, on a le temps de se recueillir et de travailler, dans les intervalles des heures canoniales et des repas.