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Personne ne peut se rendre compte de l’extrême splendeur de la liturgie et du plain-chant, s’il n’a passé par Solesmes ; au cas où Notre-Dame-des-Arts posséderait un sanctuaire privilégié, soyez sûr qu’il est là.

— La chapelle est ancienne ?

— Il subsiste une partie de la vieille Eglise et les fameuses sculptures des « Saints de Solesmes » qui remontent au XVIe siècle ; malheureusement il existe dans l’abside de consternantes vitres, une Vierge entre Saint Pierre et Saint Paul, la verrerie moderne dans toute sa criarde inclémence ! Mais aussi où acquérir un vitrail propre ?

— Nulle part ; si nous examinons maintenant les carreaux historiés, insérés dans les murs des Eglises neuves, nous constatons l’inaltérable sottise des peintres construisant des cartons de verrières comme des sujets de tableaux ; et quels sujets et quels tableaux ! Le tout fabriqué à la grosse par de bas vitriers dont les feuilles minces de verres sèment les nefs de confettis, lancent des pastilles de couleur dans tous les sens.

En vérité, ne serait-il pas plus simple d’accepter le système du vitrail incolore de Cîteaux dont le décor était obtenu par les dessins réticulés des plombs ou de copier ces belles grisailles, nacrées par le temps, qui restent encore à Bourges, à Reims, ici même, dans la Cathédrale ?

— Certes, mais pour en revenir à notre monastère, nulle part, je le répète, l’on ne célèbre les offices avec autant de pompe. Il faut voir cela un jour de grande fête ! Imaginez au-dessus de l’autel, là où fulgure d’habitude le tabernacle, une colombe pendue à une crosse