Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée


Cette chambre ressemblait au bureau d’un hôtel de dernier ordre, pieux. Elle était meublée d’une table d’un rose de chair de rouget, en acajou, surmontée d’un cachepot sans fleurs ; de fauteuils à oreillettes, de concierge ; d’une cheminée garnie de statues de Saints ponctués par les mouches et fermée par un paravent de papier peint exaltant l’Apparition de Lourdes. Aux murs, un tableau de bois noir avec clefs pendues à des numéros, servait de vis-à-vis à une chromo dans laquelle le Christ montrait, d’un air aimable, un cœur mal cuit, saignant dans des ruisseaux de sauce jaune.

Mais ce qui caractérisait cette loge de portier qui fait ses Pâques, c’était une odeur nauséabonde, atroce, l’odeur de l’huile de ricin tiède.

Incommodé par ces relents, Durtal s’apprêtait à fuir, quand l’abbé Plomb entra, lui prit le bras et ils sortirent.

— Alors, vous arrivez de Solesmes ?

— Mais oui.

— Vous êtes satisfait de votre voyage ?

— Enchanté, et l’abbé sourit de l’impatience qu’il sentait sourdre dans le ton de Durtal.

— Et que pensez-vous de ce monastère ?

— Je pense qu’il est très intéressant à visiter, au point de vue du monachisme et de l’art. Solesmes est un grand couvent, maison mère de l’ordre Bénédictin en France, et il est pourvu d’un noviciat qui prospère. Au fait, que désirez-vous savoir au juste ?

— Mais… tout ce que vous savez !

— Eh bien, je vous dirai d’abord que l’art de l’Eglise, arrivé à son point culminant, fascine, dans ce cloître.