Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/262

Cette page n’a pas encore été corrigée

vide s’est rempli de lui-même d’un délicieux vin. Tous en boivent et les malades guérissent.

D’autre part, un habitant de Corbeville-sur-Eure, qui s’employait à charger une voiture de bois de construction, a trois doigts coupés par une hache et il pousse des cris affreux. Les compagnons lui conseillent de trancher complètement les doigts qui ne tiennent plus que par un fil à la chair, mais le prêtre qui les conduit à Chartres s’y oppose. On implore Marie et la blessure disparaît, la main devient intacte.

Ce sont encore des Bretons égarés, la nuit, dans les plaines de la Beauce et qui sont subitement guidés par des brandons de feu ; c’est la Vierge, en personne, qui un samedi soir, après Complies, descend dans son Eglise quand elle est presque terminée et l’illumine d’éblouissantes lueurs…

Et il y en a comme cela, des pages et des pages….. ah ! l’on comprend, ruminait Durtal, pourquoi ce sanctuaire est si plein d’Elle ; sa reconnaissance pour l’affection de nos pères s’y sent encore… puis Elle veut bien, maintenant, ne pas se montrer trop dégoûtée, ne pas regarder de trop près…

C’est égal, aujourd’hui l’on érige d’une autre façon les temples ! quand je songe au Sacré-Cœur de Paris, à cette morne et pesante bâtisse édifiée par des gens qui ont inscrit leur nom en rouge sur chaque pierre ! comment Dieu s’accommode-t-il d’une Eglise dont les murs sont des moellons de vanité, scellés par un ciment d’orgueil, des murs où l’on voit des noms de commerçants connus, affichés en bonne place, tels que des réclames ! Il était si simple de construire une église moins somptueuse