Nous possédons des missives de l’époque, insérées dans les annales Bénédictines, une lettre d’un Abbé de Saint-Pierre-sur-Dive retrouvée par M. Léopold Delisle, dans le manuscrit 929 du fonds français, à la Bibliothèque Nationale — un livre latin des miracles de Notre-Dame, découvert dans la Bibliothèque du Vatican, et traduit en français par un poète du XIIIe siècle, Jehan le Marchant. Tous racontent comment, après la ruine des incendies, fut rebâti le sanctuaire dédié à la Vierge noire.
Ce qui advint alors atteignit le sublime. Ce fut une Croisade, telle que jamais on n’en vit. Il ne s’agissait plus d’arracher le Saint-Sépulcre des mains des Infidèles, de lutter sur un champ de bataille contre des armées, contre des hommes, il s’agissait de forcer Notre-Seigneur dans ses retranchements, de livrer assaut au Ciel, de le vaincre par l’amour et la pénitence ; et le Ciel s’avoua battu ; les Anges, en souriant, se rendirent ; Dieu capitula et, dans la joie de sa défaite, il ouvrit tout grand le trésor de ses grâces pour qu’on le pillât.
Ce fut encore, sous la conduite de l’Esprit Saint, le combat contre la matière, sur des chantiers, d’un peuple voulant, coûte que coûte, sauver la Vierge sans asile, de même qu’au jour où naquit son Fils.
La crèche de Bethléem n’était plus qu’un tertre de cendres. Marie allait être réduite à vagabonder, sous le fouet des bises, dans les plaines glacées de la Beauce. Le même fait se renouvellerait-il, à douze cents ans de distance, de familles sans pitié, d’auberges inhospitalières, de chambres pleines ?
L’on aimait alors, en France, la Madone, comme l’on