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traits d’une Vierge d’autel de village, d’une Madone du quartier Saint-Sulpice, d’une Reine de coin de rue.

Ces deux règles sont à peu près générales, se disait Durtal. Quant au Fils il ne semble plus qu’Il veuille se divulguer maintenant sous l’aspect humain aux masses. Depuis son apparition à la Bienheureuse Marie-Marguerite dont Il usa comme d’un truchement, pour parler aux peuples, Il s’efface, cède la place à sa Mère.

Il est vrai que Lui se réserve d’habiter les celliers intimes, les domaines secrets, les châteaux de l’âme, ainsi que les nomme sainte Térèse ; mais sa présence est intérieure et ses propos sont internes, inaccessibles, la plupart du temps, à la voie des sens.

Durtal se tut, secouant la tête, s’avouant l’inanité de ces réflexions, l’impuissance de la raison humaine à explorer les inintelligibles desseins du Tout-Puissant ; et il pensait de nouveau à ce voyage dans le Dauphiné dont le souvenir le hantait.

Ah ! tout de même, se dit-il, ces chaînes des Hautes Alpes, ces montagnes de La Salette, cette grande hôtellerie blanche, cette église badigeonnée de ciment merdoie et vaguement byzantine et vaguement romane, et cette petite cellule, avec son Christ de plâtre cloué sur une croix de bois noir, cette minuscule chambre, peinte au lait de chaux et si exiguë qu’on n’y pouvait faire deux pas, dans aucun sens, comme elles étaient imprégnées d’Elle !

Sûrement Elle y revenait, malgré son apparent abandon, pour assister les hôtes. On la présumait si près de soi, si attentive et si dolente, le soir, quand on était seul