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En sondant ces ténèbres, on peut apercevoir deux points lumineux, se répondit-il.

Celui-ci d’abord. Elle ne s’exhibe qu’aux pauvres et aux humbles ; Elle s’adresse surtout aux simples qui continuent, en quelque sorte, le métier primitif, la fonction biblique des patriarches ; Elle se décèle surtout aux enfants de la campagne, aux bergers, aux filles qui gardent les troupeaux. A La Salette comme à Lourdes, ce sont de jeunes pâtres qu’Elle choisit pour ses confidents ; et cela s’explique, car en agissant ainsi, Elle confirme les volontés connues du Fils ; ce furent en effet des bergers qui regardèrent les premiers, dans la crèche de Bethléem, l’enfant Jésus ; ce fut aussi parmi les gens de la plus basse extraction que le Christ prit ses apôtres.

Et cette eau qui sert de véhicule aux guérisons n’a-t-elle pas été préfigurée dans les Livres saints, dans l’Ancien Testament par le Jourdain qui délivre Naaman de la lèpre ; dans le Nouveau, par la piscine probatique que remue un Ange ?

Cette autre loi paraît aussi probable. La Vierge respecte, autant que possible, le tempérament, la complexion personnelle de l’être qu’Elle aborde. Elle se met à la portée de son intelligence, s’incarne sous la seule forme matérielle qu’il puisse comprendre. Elle se manifeste sous la pauvre image que ces humbles aiment ; elle accepte les robes blanches et bleues, les couronnes et les guirlandes de roses, les bijoux et les chapelets, les affutiaux de première communion, les plus laids atours.

Il n’y a pas d’exemples, en somme, que les bergères qui la virent l’aient autrement décrite que sous l’apparence d’une « Belle Dame », autrement que sous les