Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la ville ; enfin, pour les occupations intellectuelles, un manuel des arts libéraux. »

Et alors, ainsi instruit, l’homme vit, de générations en générations, jusqu’à la fin du monde, notifiée par le tableau placé au Sud.

Ce répertoire de sculpture comprendrait donc un mémorial de l’histoire de la nature et de la science, un glossaire de la morale et de l’art, une biographie de l’être humain, un panorama du monde entier. Il serait bien, en conséquence, une image du « Miroir du Monde », un tirage sur pierre de l’œuvre de Vincent de Beauvais.

Il n’y a qu’un malheur à cela, c’est d’abord que le « Speculum Universale » de ce dominicain serait postérieur de plusieurs annnées à la construction de cette cathédrale, ensuite, que Didron ne s’inquiète nullement des valeurs et des distances de la statuaire, dans sa thèse. Il attribue à une statuette enfouie dans le cordon d’une voussure une importance égale à celles des grandes statues qui émergent bien en évidence et accompagnent l’image en relief de Notre-Seigneur et de sa Mère. On peut même affirmer que ce sont justement ces statues-là qu’il omet, comme il délaisse également tout le portique de l’Occident qu’il ne pouvait insérer de force dans son système.

Au fond, les idées de cet archéologue titubent. Il subordonne le principal aux accessoires et il aboutit à une espèce de rationalisme, en complet désaccord avec la mystique de ces temps. Il médit du Moyen Age, en rabaissant le niveau du divin à l’étiage terrestre, en rapportant à l’homme ce qui revient à Dieu. L’oraison de la sculpture, chantée par des siècles de foi, ne devient