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— Dame, c’est à voir… Je consulterai l’abbé, fit Durtal qui se leva pour prendre congé du vieux prêtre.

— Notre ami, le Bourru vous travaille, lança Mme Bavoil qui avait entendu, de la pièce voisine dont la porte était ouverte, la conversation des deux hommes.

Elle entra, tenant son bréviaire.

— Ah çà, reprit-elle, en le regardant sous ses lunettes, pensez-vous donc qu’en déménageant son âme de place, on la change. Votre ennui, il n’est ni dans l’air, ni autour de vous, mais en vous ; ma parole, à vous entendre, on croirait qu’en se transférant d’un lieu dans un autre, on échappe à ses discordes et qu’on parvient à se fuir. Or, rien n’est plus faux… demandez au père…

Et lorsque Durtal qui souriait, gêné, fut parti, Mme Bavoil interrogea son maître :

— Ah çà, qu’a-t-il au juste ?

— L’épreuve des sécheresses le lamine, répondit le prêtre. Il subit une opération douloureuse, mais sans danger. Du moment qu’il conserve le goût de la prière et ne néglige aucun de ses exercices religieux, tout va bien. C’est là la pierre de touche qui nous sert à discerner si, dans ce genre d’affection, l’origine est divine…

— Mais, père, il serait quand même nécessaire de le soulager ?

— Je ne puis rien, sinon prier pour lui.

— Autre question, il est hanté par les monastères, notre ami ; peut-être bien que c’est là que vous devriez l’envoyer.

L’abbé eut un geste évasif. Les sécheresses et les phantasmes qu’elles engendrent ne sont point indices de vocation, fit-il. j’ajouterai même qu’elles ont plus de chances