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A part, quelques antiques basses qui aboyaient et qu’il eût été bien nécessaire d’abattre, il y avait une gerbe opulente de sons frais, une psalette de près de cent enfants qui eussent pu dérouler, dans de limpides voix, les simples mélodies du vieux plain-chant.

Mais en guise de cantilènes liturgiques, un maître de chapelle imbécile parquait, dans cette malheureuse Cathédrale, une ménagerie d’airs forains qui, lâchés le dimanche, grimpaient, avec des gambades de ouistitis, le long des piliers, sous les voûtes. L’on pliait à ces singeries musicales les voix ingénues de la maîtrise. Décemment, à Chartres, il était impossible d’assister à la grand’messe.

Les autres offices ne valaient pas mieux ; aussi Durtal était-il réduit, pour entendre les Vêpres, à descendre dans le bas de la ville, à Notre-Dame de la Brèche, une chapelle, où un prêtre, ami de l’abbé Plomb, avait instauré le chant de Solesmes et patiemment formé une petite manécanterie, composée d’ouvriers fidèles et de mômes pieux.

Ces voix, celles des gosses surtout, étaient médiocres, mais l’expert musicien qu’était ce prêtre, les avait quand même ajustées et polies et il était parvenu, en somme, à imposer l’art Bénédictin dans son Eglise.

Seulement, elle était si laide, si tristement embellie d’images, Notre-Dame de la Brèche, qu’il fallait fermer les yeux, pour y séjourner !

Et dans cette houle de réflexions sur son âme, sur Paris, sur l’Eucharistie, sur la musique, sur Chartres, Durtal finissait par s’abasourdir, par ne plus savoir où il était.