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soucis, me voilà une fois de plus, injuste envers l’abbé. Ce n’est cependant pas de sa faute si la fréquence de mes communions les rend frigides ; j’y cherche des sensations et il faudrait pourtant se convaincre d’abord que ces désirs sont méprisables, se persuader ensuite que c’est précisément parce que ces communions sont glacées qu’elles deviennent méritoires et sont meilleures. Oui, c’est facile à raconter, mais quel est celui des catholiques qui les préfère celles-là aux autres ? des Saints, sans doute ; mais eux aussi en souffrent ! c’est si naturel de demander à Dieu un peu de joie, d’attendre de cette union qu’Il appelle un mot affectueux, un signe, un rien, montrant qu’Il pense à vous !

L’on a beau faire, on ne peut pas ne point envisager comme douloureuses, les mortes consomptions de ces vivants azymes ! et l’on a bien de la peine à confesser que Notre Seigneur a raison de nous cacher le mal qu’elles nous évitent et les progrès qu’elles réalisent, car, sans cela, nous serions peut-être sans défense contre les attaques de l’amour-propre et les assauts de la vanité, sans abri contre nous-même.

Enfin quelle qu’en soit la cause, je ne suis pas mieux à Chartres qu’à Paris, concluait-il. Et quand ces réflexions l’assaillaient, le dimanche surtout, il regrettait d’avoir accompagné l’abbé Gévresin dans cette province.

A Paris, ce jour-là, il avait au moins son temps défrayé par les offices. Le matin, il pouvait messoyer chez les Bénédictines ou à Saint-Séverin, écouter les Vêpres et les Complies, à Saint-Sulpice.

Ici rien ; — et cependant, où réunir de meilleurs éléments pour exécuter le répertoire grégorien qu’à Chartres ?