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L’escarboucle, qui est renommée : le « Virgo praedicanda » ?

La chrysoprase, qui est ferveur : le « Vas insigne devotionis » ?

Et il est probable, conclut l’abbé, en reposant le volume, que si nous nous en donnions la peine, nous retrouverions, un à un, dans ce rosaire de pierreries, le chapelet de louange que nous égrenons en l’honneur de Notre Mère.

— Surtout, observa Durtal, si nous ne nous confinons pas dans le cadre rétréci de ce poème, car le manuel de Conrad est succinct et le dictionnaire de ses analogies est court ; en employant les acceptions des autres symbolistes, nous pourrions ciseler une bague semblable à la sienne et différente pourtant, car les devises des pierres ne seraient plus les mêmes. Ainsi, pour le vieil abbé du Mont Cassin, Brunon d’Asti, le jaspe personnifie Notre-Seigneur, parce qu’il est immuablement vert, sans fane possible, immortel ; l’émeraude réfléchit, pour la même raison, la vie des Justes ; la chrysoprase, les bonnes œuvres ; le diamant, les âmes infrangibles ; la sardonyx, pareille au grain saignant d’une grenade, la charité ; l’hyacinthe d’un azur qui varie, la discrétion des Saints ; le béryl, dont la nuance est celle d’une onde qui court au soleil, les Ecritures qu’élucide le Christ ; la chrysolithe, l’attention et la sapience, parce qu’elle possède la couleur de l’or qui se confond avec elle, en lui prêtant son sens ; l’améthyste, le chœur des enfants et des Vierges, car l’azur, qui se mêle à son rose, nous suggère la pensée de l’innocence et de la pudeur.

D’aute part, si nous empruntons au pape Innocent III