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litanie de pierres précieuses dont chaque strophe lapidifie les vertus de Notre Mère.

Cette prière minérale débute par une salutation humaine. Le bon moine s’agenouille et commence :

— « Salut, noble Vierge, idoine à devenir la fiancée du souverain Roi ; acceptez cet anneau comme gage de cette alliance, Marie. »

Et il lui montre la bague qu’il tourne lentement entre ses doigts, expliquant à Notre-Dame le sens de chacune des pierres qui luit dans l’or de sa monture, en préludant par le jaspe vert, symbole de cette Foi qui fit si pieusement accueillir, par la Vierge, le message de l’angélique paranymphe ; puis viennent : la chalcédoine, qui réfracte les feux de la charité dont son âme est pleine ; l’émeraude, dont l’éclat désigne sa pureté ; la sardonyx, aux flammes claires, qui se confond avec la placidité de sa vie virginale ; la sarde rouge, qui s’identifie avec son cœur saignant sur le Calvaire ; la chrysolithe, dont les scintillements d’un or qui s’éverdume, rappellent ses miracles sans nombre et sa sagesse ; le béryl, qui décèle son humilité ; la topaze, qui avère la profondeur de ses méditations ; la chrysoprase, sa ferveur ; l’hyacinthe, sa charité ; l’améthyste, avec son mélange de rose et de bleu, l’amour que Dieu et les hommes lui vouent ; la perle dont le sens demeure, dans cette prose, sans désignation d’une vertu précise ; l’agate qui stipule sa modestie, l’onyx, les dons multiples de ses grâces ; le diamant, sa force et sa patience dans les revers, tandis que l’escarboucle, cet œil qui brille dans la nuit, proclame partout l’éternité de sa gloire.

Ensuite, le donateur fait remarquer à la Vierge l’acception