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tirées de loin. L’herméneutique des pierreries est vague ; elle ne se base que sur des ressemblances cherchées à plaisir, que sur des accords d’idées réunies à grand’-peine. Au Moyen Age, elle fut surtout pratiquée par des poètes.

— Donc il faut se défier, dit l’abbé Plomb, car les interprétations de la plupart d’entre eux sont païennes. Exemple : Marbode qui, bien qu’il fût évêque, ne nous a que trop souvent laissé une glose impie des gemmes.

— En somme, les lapidaires mystiques se sont surtout ingéniés à traduire les pierres du Rational d’Aaron et celles qui fulgurent dans les fondements de la nouvelle Jérusalem, telle que l’a dépeinte Saint Jean ; d’ailleurs, les murailles de Sion étaient serties des mêmes joyaux que le pectoral du frère de Moïse, sauf l’escarboucle, le ligure, l’agate et l’onyx qui, cités dans l’Exode, sont remplacés, dans le texte de l’Apocalypse, par la chalcédoine, la sardonyx, la chrysoprase et l’hyacinthe.

— Oui et les orfèvres des symboles voulurent aussi forger des diadèmes et les parer de brillants pour en ceindre le front de Notre-Dame, mais leurs poèmes sont peu variés car presque tous dérivent du « De corona Virginis », un livre apocryphe de Saint Ildefonse, célèbre autrefois dans les cloîtres.

L’abbé Gévresin se leva et prit dans sa bibliothèque un vieux bouquin.

— Cela me remet en mémoire, dit-il, une séquence qu’un moine allemand du XIVe siècle, Conrad de Haimbourg, rima en l’honneur de la Vierge.

Imaginez, poursuivit-il, en feuilletant le volume, une