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sa teinte naturelle, mais jamais je n’aurais pensé que c’était si compliqué, jamais je n’aurais cru qu’il y eût tant d’intentions dans les tableaux des peintres !

— De quelques peintres ! s’écria Durtal, car depuis le Moyen Age, la doctrine des emblèmes colorés est morte. A l’heure actuelle, les peintres qui abordent les sujets religieux ignorent les premiers éléments dela symbolique des couleurs, de même que les architectes ignorent maintenant les premiers principes de la théologie monumentale mystique.

— Dans nombre de tableaux de Primitfs, les pierres précieuses abondent, dit l’abbé Plomb. Elles s’enchâssent dans les orfrois des robes, dans les colliers et les bagues des Saintes, s’amoncèlent en triangles de feu dans les diadèmes dont les peintre d’antan couronnèrent la Vierge. Nous devons logiquement, je crois, ainsi que pour la teinte des vêtures, chercher dans chacune de ces gemmes un dessein.

— Sans doute, fit Durtal, mais la symbolique des pierreries est très confuse. Les motifs qui ont décidé le choix de certaines pierres pour leur faire spécifier par la couleur de leur eau, par leur éclat, une vertu précise, sont amenés de si loin, sont si faiblement prouvés que l’on pourrait substituer une gemme à une autre, sans modifier pour cela la signification de l’allégorie qu’elles énoncent. Elles sont une série de synonymes pouvant se suppléer, à une nuance près en somme.

Dans l’écrin de l’Apocalypse, elles paraissent triées dans des acceptions sinon plus sûres au moins plus imposantes et plus larges, car les exégètes les font coïncider avec une vertu, et aussi avec la personne même qui en