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Agnès parvint à la vie Unitive, à la possession du Seigneur, par la vertu de son innocence et l’ardeur de ses souhaits. Elle serait la Figure de la vertu désirante et exaucée, de l’espoir récompensé, en somme.

Maintenant, je dois l’avouer encore, il y a bien des lacunes, bien des obscurités dans cette science allégorique des tons. Dans le tableau du Louvre, par exemple, les marches du trône, qui s’efforcent de jouer le rôle veiné des marbres, restent inintelligibles. Badigeonnées de rouge brut, de vert acide, de jaune de bile, elles disent quoi, ces marches qui, par leur nombre peuvent indiquer, je le répète, les neuf chœurs des Anges ?

Il me semble en tout cas difficile d’admettre que le moine ait voulu évoquer les différentes hiérarchies célestes avec ces traînées de pinceaux sales et crues et ces stries.

— Mais le coloris d’un gradin a-t-il jamais formulé une idée dans le catalogue des symboles ? demanda l’abbé Gévresin.

— Sainte Mechtilde l’assure. Ainsi, parlant des trois degrés qui précèdent l’autel, elle prétend que le premier doit être peint en or pour attester que l’on ne peut aller à Dieu que par la charité ; le second en azur, pour témoigner de la méditation des choses divines ; le troisième en vert, pour certifier la vivacité de l’espoir et de la louange du Ciel.

— Mon Dieu, fit Mme Bavoil que ces discussions commençaient à ahurir, je n’ai jamais vu cela ainsi. je sais bien que le rouge désigne, pour tout le monde, le feu ; le bleu l’air ; le vert l’eau ; le noir la terre ; — ce que je comprends, puisque chaque chose est imaginée par