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pour en revenir aux livrées monastiques qui libèrent de leur déplorable réputation les bruns, les gris et les noirs, ne pensez-vous pas qu’au point de vue des emblèmes parlants, la vêture de la congrégation des Annonciades fut la plus éloquente ? car ces moniales étaient habillées, de gris, de blanc et de rouge, les couleurs de la Passion, et elles portaient de plus une simarre bleue et un voile noir, mémorial du deuil de notre Mère.

— L’image d’une permanente Semaine Sainte ! s’écria Durtal.

— Une autre question, reprit l’abbé Plomb. Dans les tableaux des Primitifs, les manteaux dont s’enveloppent la Vierge, les Apôtres, les Saints, montrent presque toujours, en des retroussis habilement ménagés, la couleur de leurs envers. Elle est naturellement différente de celle de l’endroit, ainsi que vous nous l’avez fait remarquer tout à l’heure à propos de la mante de Sainte Agnès, dans l’œuvre de l’Angelico. Croyez-vous qu’en dehors de l’opposition des tons, cherchée au point de vue technique, le moine ait voulu exprimer une idée particulière par le contraste de ces deux teintes ?

— D’après la palette des symboles, la couleur du dessus représenterait l’homme matériel et celle du dessous, l’homme moral.

— Bien — mais que signifie alors le manteau vert doublé d’orange de Sainte Agnès ?

— Dame, répondit Durtal, le vert dénotant la fraîcheur des sentiments, la sève du bien, l’espoir et l’orangé pris dans sa bonne acception, pouvant être la traduction de l’acte par lequel Dieu s’unit à l’homme, l’on pourrait sans doute déduire de ces données que Sainte