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Le vert, si défavorablement noté par les mystiques, acquiert, un sens néfaste, en certains cas. Il sanctionne alors la dégradation morale, le désespoir, emprunte sa triste définition à la feuille morte, revêt le corps charnel des Diables dans « le Jugement dernier » de Stephan Lochner, dans les scènes infernales narrées par les verrières des Eglises et les toiles des Primitifs.

Le noir, le brun, aux intentions hostiles de trépas et d’enfer, changent, dès que les fondateurs d’ordres s’en emparent pour en tisser la robe des cloîtres. Le noir nous rappelle alors le renoncement, la pénitence, la mortification de la chair, selon Durand de Mende ; — le brun et même le gris ravivent la mémoire de la pauvreté et de l’humilité.

De son côté, le jaune, si maltraité dans le formulaire des comparaisons, devient le signe de la charité, si l’on en croit le moine anglais qui écrivit vers 1220, et il s’exhausse lorsqu’il se mue en or, jusqu’au symbole de l’amour divin, jusqu’à la radieuse allégorie de la Sagesse Eternelle.

Enfin, quand il s’affirme ainsi que la marque distinctive des prélats, le violet relègue son habituelle expression de résipiscence et de deuil, pour feindre une certaine gravité, pour alléguer une certaine pompe.

En résumé, je ne vois que le blanc et le bleu qui soient invariables.

— Au Moyen Age, d’après Yves de Chartres, dit l’abbé Plomb, le violet fut remplacé par le bleu, dans le costume des évêques, pour leur apprendre qu’ils devaient plus s’occuper des biens du ciel que des biens de la terre.