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neuf, l’influence des grands magasins sur le tribunal de la pénitence !

— Et celle des gares, ajouta l’abbé Gévresin.

— Comment, des gares ?

— Mais oui, les églises situées près des débarcadères ont une clientèle spéciale de voyageuses. — C’est là que l’observation que la chère Mme Bavoil vient de faire, se vérifie. — Beaucoup de femmes de province, qui reçoivent à dîner chez elles le curé de leur pays, n’osent lui raconter leurs adultères parce qu’il lui serait trop facile de deviner le nom de l’amant, et que la situation de ce prêtre, vivant dans l’intimité de la maison, serait gênante ; alors elles profitent de leur passage à Paris ou y débarquent sous un prétexte quelconque pour s’ouvrir à un autre abbé qui ne les connaît point. En règle générale, lorsqu’une femme parle de son curé en de mauvais termes, lorsqu’elle débute, au confessionnal, par vous dire qu’il est inintelligent, sans éducation, inapte à comprendre et à guider les âmes, vous pouvez être sûr que l’aveu du péché contre le VIe commandement est proche.

— C’est égal, il en a de l’aplomb, le monde qui vivote autour du bon Dieu ! s’écria Mme Bavoil.

— Ce sont de malheureux êtres qui opèrent une cote mal taillée de leurs devoirs et de leurs vices. Mais laissons cela et vaquons à des choses plus pressantes. Avez-vous apporté, ainsi que vous nous l’avez promis, votre article sur l’Angelico ? Lisez-le.

Durtal tira de sa poche son manuscrit qu’il avait achevé et qu’il devait expédier, le soir même, à Paris.

Il s’assit sur l’un des fauteuils de paille, au milieu de la chambre