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rage de donner des dîners et elles s’ingénient à servir aux invités un maigre qui en soit, tout en ayant l’air de n’en être pas ; et ce sont d’interminables discussions sur la sarcelle, sur la macreuse, sur les volatiles à sang froid. C’est un zoologiste et non un prêtre qu’elles devraient aller consulter pour ces cas-là !

Quant à la Semaine Sainte, c’est encore une autre antienne ; à l’obsession de la volaille nautique succède le prurit de la charlotte russe. Peut-on, sans blesser Dieu, savourer une charlotte ? Il y a bien des œufs dedans, mais si battus, si mortifiés que ce plat se révèle presque ascétique ; et les explications culinaires débordent, le confessionnal tourne à l’office, le prêtre devient un maître-queux.

Pour ce qui regarde le vice même de la gourmandise, elles s’en reconnaissent à peine coupables. Est-ce vrai, mon cher confrère ?

L’abbé Gévresin approuva d’un signe. Certes, dit-il, ce sont des âmes creuses, et qui plus est, imperméables.

Elles sont bouchées à toute idée généreuse, considèrent les relations qu’elles entretiennent avec le Rédempteur, comme convenables pour leur rang, comme de bon ton ; mais elles ne cherchent nullement à entrer dans son intimité, se bornent, de propos délibéré, à des visites de politesse.

— Les visites que l’on rend, le jour de l’an, au parent âgé ! s’écria Durtal.

— Non, à Pâques, rectifia Mme Bavoil.

— Et, parmi ces pénitentes, reprit l’abbé Plomb, il y a l’affligeante variété de l’épouse du député qui vote