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la pierre qui le ferma, tandis que le corporal est le suaire même.

Quand je vous aurai encore dit, ajouta l’abbé, que, selon saint Nil, les colonnes signifient les dogmes divins et suivant Durand de Mende les Evêques et les Docteurs ; que les chapiteaux sont les paroles de l’Ecriture ; que le pavé de l’Eglise est le fondement de la Foi et l’humilité ; que l’ambon et que le jubé, presque partout détruit, sont la chaire évangélique, la montagne sur laquelle prêche le Christ ; que les sept lampes allumées devant le Saint-Sacrement sont les sept dons de l’Esprit ; que les degré de l’autel sont ceux de la Perfection ; quand je vous aurai montré que les deux chœurs alternés des chantres personnifient, les uns, les anges, les autres, les Justes, réunis pour encenser avec leurs voix la gloire du Très-Haut, je vous aurai à peu près soumis le sens général et détaillé des intérieurs des Cathédrales et, spécialement, de celui de Chartres.

Maintenant, observez ici une particularité qui se reproduit dans la Basilique du Mans, les bas-côtés de cette nef où nous sommes sont uniques, alors qu’ils se doublent autour du chœur…

Mais Durtal ne l’écoutait plus ; loin de toute cette exégèse monumentale, il admirait, sans même chercher à l’analyser, l’étonnante église.

Dans le mystère de son ombre brouillée par la fumée des pluies, elle montait, de plus en plus claire, à mesure qu’elle s’élevait dans le ciel blanc de ses nefs, s’exhaussant comme l’âme qui s’épure dans une ascension de clarté, lorsqu’elle gravit les voies de la vie mystique.

Les colonnes accotées filaient en de minces faisceaux,