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Pour en revenir maintenant à nos moutons, considérons les organes internes de nos temples, marquons au passage, que la longueur d’une Cathédrale promulgue la longanimité de l’Eglise dans ses revers ; sa largeur, la charité qui dilate les âmes ; sa hauteur, l’espoir de la récompense future, et arrêtons-nous aux détails.

Le chœur et le sanctuaire symbolisent le ciel, tandis que la nef est l’emblème de la terre et, comme l’on ne peut franchir le pas qui sépare ces deux mondes que par la croix, l’on avait jadis l’habitude, hélas ! perdue, de placer en haut de l’arcade grandiose qui réunit la nef au chœur, un immense crucifix ; de là, le nom d’arcade triomphale attribuée à la gigantesque baie qui s’ouvre devant l’autel ; notons aussi qu’il existe une grille ou une balustrade limitant chacune des deux zones ; Saint Grégoire de Nazianze y voit la ligne tracée entre ces deux parties, celle de Dieu et celle de l’homme.

Voici, d’autre part, une interprétation différente de Richard de Saint-Victor, sur le sanctuaire, le chœur et la nef. Ils stipulent, selon lui, le premier : les Vierges, le second, les âmes chastes et la troisième, les Epoux. Quant à l’autel ou cancel, ainsi que l’intitulent les vieux liturgistes, il est le Christ même, le lieu où repose sa tête, la table de la Cène, le gibet sur lequel il versa son sang, le sépulcre qui renferma son corps ; et il est aussi l’Eglise spirituelle et ses quatre coins sont les quatre coins de l’univers qu’elle doit régir.

Or, derrière cet autel, s’étend l’abside dont la forme est celle d’un hémicycle, dans la plupart des cathdrales, hormis, pour en citer trois, à Poitiers, à Laon, et à Notre-Dame du Fort à Etampes, où, de même que dans les