Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ils furent s’agenouiller devant la Vierge noire du Pilier, puis ils s’assirent dans la solitude du vaisseau et, à mi-voix, l’abbé dit :

— Je vous expliquai, l’autre jour, la symbolique de l’extérieur des basiliques ; voulez-vous que je vous mette maintenant, en deux mots, au courant des allégories que contiennent les nefs ?

Et voyant que Durtal acceptait d’un signe, le prêtre reprit :

— Vous ne l’ignorez pas, presque toutes nos cathédrales sont cruciformes ; dans la primitive Eglise, il est vrai, vous trouverez un certain nombre de sanctuaires bâtis en rotonde et coiffés d’un dôme ; mais la plupart n’ont pas été construits par nos pères ; ce sont d’anciens temples du paganisme que les catholiques adaptèrent tant bien que mal à leur usage, ou imitèrent, en attendant que le style roman fût consacré !

Nous pourrions donc nous dispenser d’y chercher un sens spécial liturgique, puisque cette forme n’a pas été créée par des chrétiens ; et cependant, dans son Rational, Durand de Mende prétend que cette rondeur d’édifice signifie l’extension de l’Eglise par tout le cercle de l’univers ; d’autres ajoutent que le dôme est le diadème du Roi crucifié et que les petites coupoles, qui souvent l’entourent, sont les têtes énormes des clous. Mais laissons ces explications que je crois fournies après coup et occupons-nous de la croix que dessinent ici, comme dans les autres Cathédrales, le transept et la nef.

Notons, en passant, que, dans quelques églises, telle que l’Abbatiale de Cluny, l’intérieur, au lieu d’esquisser une croix latine, copia, dans son plan, la croix de Lorraine,