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de chapelle et les professeurs de chant de la maîtrise, qu’on refoule chez les liquoristes les voix de rogomme des gros chantres ? Ah ! ces flons flons gazeux qui pétillent dans les flûtes en cristal des gosses et ces refrains de foire qui s’éructent dans les hoquets de lampes qu’on remonte, dans les renvois bruyants des basses ! quelle ignominie, quelle honte ! comment l’évêque, comment le curé, comment les chanoines n’interdisent-ils pas des attentats pareils ?

Je sais bien que Monseigneur est vieux et malade, mais ces chanoines ! — ils ont l’air si fatigué, il est vrai… quand je les regarde psalmodier l’office dans leurs stalles, je me demande s’ils savent où ils sont et ce qu’ils font ; ils me paraissent toujours avoir un peu perdu connaissance…

— Le grand vent de la Beauce souffle des léthargies, dit l’abbé en riant — mais permettez-moi de vous affirmer que si la cathédrale méprise le chant grégorien, ici même, à Chartres, au petit séminaire, à l’Eglise Notre-Dame de la Brèche, dans le couvent des sœurs de Saint-Paul, on le chante d’après la méthode de Solesmes, de sorte que vous pourriez alterner entre cette Eglise et ces chapelles et la Cathédrale.

— Sans doute, mais n’est-ce pas effrayant de penser que le goût de caraïbe de quelques braillards et de quelques vétérans puisse ainsi poursuivre d’injures musicales, la Vierge ? — ah ! voici la pluie qui recommence, reprit, après un silence, Durtal, avec dépit.

— Eh bien, nous sommes arrivés, nous allons nous abriter dans Notre-Dame et nous inspecterons, à l’aise, son intérieur.