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glises dont il viola la pureté des formes ; ce fut, avec le libertinage de la statuaire et de la peinture, le grand stupre des Basiliques.

Cette fois l’Orante fut bien morte ; tout croula. Cette Renaissance, tant vantée à la suite de Michelet par les historiens, elle est la fin de l’âme mystique, la fin de la théologie monumentale, la mort de l’art religieux, de tout le grand art en France !

Ah çà, où suis-je ? se dit tout à coup Durtal, avisant les rues mal pavées qui conduisent de la place de la Cathédrale dans le bas de la ville.

Il s’aperçut qu’il avait, en rêvant, dépassé la maison où habitait l’abbé.

Il remonta sur ses pas, s’arrêta devant une vieille bâtisse et sonna. Un guichet de cuivre s’ouvrit puis se refrma et, dans un glissement écrasé de savates, une bonne entrebâilla le battant de la porte et Durtal, rejoint par l’abbé Plomb aux aguets, entra dans une pièce encombrée de statues ; il y en avait partout, sur une cheminée, sur une commode, sur un guéridon, sur une table.

— Ne faites pas attention à elles, dit l’abbé ; ne les regardez pas ; je ne suis pour rien dans le choix de ce honteux marché ; je subis, malgré moi, l’affront de ce bazar ; ce sont des cadeaux de pénitentes !

Durtal rit, effaré quand même, par les extraordinaires échantillons de l’idéal catholique qui remplissaient cette pièce.

Tout y était : les cadres noirs guillochés de cuivre enfermant des gravures de Vierges de Bouguereau et de Signol, l’Ecce Homo du Guide, des Pieta, des Saintes Philomène — puis la collection de la statuaire polychrôme,