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s’écroulèrent et l’on dut les réédifier à nouveau ou, faute d’argent, se borner à les consolider et à boucher leurs trous.

A part quelques unes, telles que Saint-Ouen, de Rouen, qui est un des rares exemples d’une église presque entièrement bâtie pendant le XIVe siècle, sauf ses tours de l’ouest et sa façade qui sont toutes modernes, et Notre-Dame de Reims dont la structure paraît avoir été établie sans trop d’interruption sur le plan initial d’Hugues Libergier ou de Robert de Coucy, aucune de nos Cathédrales n’a été érigée en son entier, suivant le tracé de l’architecte qui les conçut et aucune n’est depuis lors demeurée intacte.

La plupart assument donc les efforts combinés des générations pieuses, mais on peut attester cette invraisemblable vérité : jusqu’à la venue de la Renaissance, le génie des constructeurs qui se succédèrent reste égal ; s’ils firent des modifications au plan de leur devancier, ils surent y introduire des trouvailles personnelles, exquises, sans en offenser l’ensemble. Ils entèrent leur génie sur celui de leurs premiers maîtres ; il y eut une relique perpétuée d’un concept admirable, un souffle continu de l’Esprit-Saint. Il fallut l’époque interlope, l’art fourbe et badin du Paganisme, pour éteindre cette pure flamme, pour anéantir la lumineuse candeur de ce Moyen Age où Dieu vécut familièrement, chez lui, dans les âmes, pour substituer à un art tout divin un art purement terrestre.

Dès que la Luxure de la Renaissance s’annonça, le Paraclet s’enfuit, le péché mortel de la pierre put s’étaler à l’aise. Il contamina les édifices qu’il acheva, souilla les é