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Mage, par des clochetons ; tel le clocher de Senlis. D’autres gardent des enfants nés à leur image, de tout petits clochers qui les entourent ; et les uns, sont couverts de verrues, de cabochons, d’ampoules ; les autres se creusent en écumoires, en tamis, se trouent de trèfles et de quatre feuilles, paraissent frappés à l’emporte-pièce ; ceux-ci sont munis d’aspérités, ont des mordants de râpe, se cavent de coches ou se hérissent de pointes ; ceux-là sont imbriqués d’écailles, de même que des poissons, — le vieux clocher de Chartres, par exemple — d’autres enfin, tel que celui de Caudebec, arborent la forme du trirègne romain, de la couronne à trois étages du Pape.

Avec ce contour presque imposé et dont ils s’éloignent à peine, avec ce modèle de la pyramide ou de la poivrière, de la chausse à filtrer ou de l’éteignoir, les architectes gothiques inventent les combinaisons les plus ingénieuses, muent à l’infini leurs œuvres.

Et de quel mystère d’origine, elles s’enveloppent, les basiliques ! La plupart des artistes qui les bâtirent sont inconnus ; l’âge même de ces pierres est à peine sûr, car elles sont, en majeure partie, façonnées par l’alluvion des temps.

Presque toutes chevauchent sur deux, sur trois, sur quatre espaces de cent ans chaque. Elles s’étendent, du commencement du XIIIe siècle jusqu’aux premières années du XVIe.

Et cela se comprend, si l’on y réfléchit.

On l’a justement remarqué, le XIIIe siècle a été la grande ère des Cathédrales. C’est lui qui les a presque toutes enfantées ; puis, une fois créées, il y eut pour elles