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différentes comme celles des Cathédrales de Rouen et de Bourges, ne concordent pas entre elles. De hauteur inégale, elles boîtent dans le ciel ; une autre vraiment splendide dans son isolement que fait encore valoir la médiocrité des deux clochers récemment construits de chaque côté de la façade de l’Eglise, c’est la tour normande de Saint-Ouen dont le sommet est armorié d’une couronne. Elle est la patricienne des tours dont beaucoup conservent des allures de paysannes, avec leurs têtes nues et leurs coiffes amincies, affûtées presque en biseau de sifflet, ainsi que celle de la tour Saint-Romain, à Rouen, ou leurs bonnets pointus de rustres, tels qu’en porte l’Eglise Saint-Bénigne, à Dijon, ou leur vague parasol, semblable à celui sous lequel s’abrite la Cathédrale Lyonnaise de Saint-Jean.

Mais, quand même, la tour, sans le clocher qui l’effile, ne se projette pas dans le firmament. Elle s’élève toujours lourdement, halète en chemin et, exténuée, s’endort. Elle est, un bras sans main, un poignet sans paume et sans doigts, un moignon ; elle est aussi un crayon non taillé, rond du bout, qui ne peut inscrire dans l’au-delà les oraisons de la terre ; elle reste en somme à jamais inactive.

Il faut arriver aux clochers, aux flèches de pierre pour trouver le véritable symbole des prières jaculatoires perçant les nues, atteignant, comme une cible, le cœur même du Père.

Et dans la famille de ces sagittaires, quelle diversité ! pas une flèche qui soit pareille !

Les unes ont leur base prise dans un collier de tourelles, dans le cercle d’un diadème à lames droites de Roi-