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naturelles de ses sens, pour avoir si vaillamment, si gaiement enduré les plus accablants des maux !

Enfin, voyons, dois-je m’atteler à l’histoire de cette Vénérable ? — oui, mais alors, il siérait de se procurer le volume de Joseph de Loignac, son premier biographe, la notice du Solitaire de Marlaigne, la brochure de Mgr de Ram, la relation de Papebroch ; il importerait surtout d’avoir sous les yeux la traduction, due au Carmel de Louvain, de ce manuscrit flamand qui fut rédigé du vivant même de la mère, par ses filles. Où déterrer cela ? en tout cas, les recherches seront longues. Remisons donc ce dessein qui n’est pas viable.

Au fond, ce que je devrais faire, je le sais bien ; je devrais mettre au point cet article sur le tableau de l’Angelico du Louvre que je m’étais engagé à livrer, il y a au moins quatre mois, à la Revue qui me le réclame, chaque matin, par lettre. C’est honteux, depuis que j’ai quitté Paris, je ne travaille plus et pourtant je suis sans excuses, car cette besogne m’intéresse puisqu’elle me fournit l’occasion d’étudier le système raisonné de la symbolique des tons, au Moyen Age.

Les Primitifs et les oraisons colorées de leurs œuvres ! Quel rêve ! seulement il ne s’agit pas pour l’instant de méditer sur ce sujet, mais bien d’aller chercher l’abbé Plomb et voilà encore le temps qui se gâte ; décidément, je n’ai pas de chance.

Et, en traversant la place, il repartait dans ses songeries, repris par la hantise des Cathédrales, se disant devant les flèches de Chartres : dans l’immense famille du Gothique, quelles variétés, aucune Eglise qui se ressemble !

Et les tours et les clochers de celles qu’il connaissait,