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paralysent, s’adjoignent des douleurs d’estomac et des tranchées que rien n’apaise. La sciatique se greffe à son tour sur ces ramifications de maux et la maladie si fréquente dans les reclusages de l’austère observance, l’hydropisie, s’annonce.

Les jambes enflent, refusent de la porter, et elle se tuméfie, immobile, sur un grabat. Les infirmières qui la soignent découvrent alors un secret qu’elle a toujours, par esprit d’humilité, caché ; elles s’aperçoivent que ses mains sont percées de trous roses, entourés d’un halo bleuâtre et que ses pieds, également forés, se placent d’eux-mêmes, si on ne les retient pas, dans la position qu’occupèrent ceux de Jésus sur la croix. Elle finit par avouer, que, depuis bien des années, le Christ l’a marquée des stigmates de la Passion et elle confesse que ces plaies la brûlent, jours et nuits, ainsi que des fers rouges.

Et ses douleurs empirent encore. Se sentant cette fois mourir, elle s’inquiète des impitoyables mortifications qu’elle s’infligea et, avec une naïveté vraiment touchante, elle demande pardon à son pauvre corps d’avoir exténué ses forces, de l’avoir peut-être empêché de la sorte de vivre plus longtemps pour souffrir.

Et elle répète la plus étrangement adorante, la plus follement éperdue des prières que jamais une Sainte ait adressée à Dieu.

Elle a tant aimé le Saint-Sacrement, elle a tant voulu réparer à ses pieds, les outrages que lui font subir les péchés de l’homme, qu’elle défaille, en pensant qu’après sa mort, elle ne pourra plus, avec ce qui subsistera d’elle, le prier encore.