Page:Huysmans - La Cathédrale, 1915.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

mode dans ce temps-là, et elles se rendaient au salon où affluaient les visites.

La pauvre Marie abomina la dissipation de cette vie qui ne lui permettait plus d’être seule avec son Dieu. Assourdie par ces caquetages, honteuse de s’accoutrer de toilettes qui l’offensent, réduite à s’échapper, avant le jour, déguisée en femme de chambre, pour aller prier dans une solitaire église, loin du bruit, elle finit par languir de chagrin, se meurt de tristesse à Nivelles.

Sur ces entrefaites, Bernard de Montgaillard, abbé d’Orval, de l’Ordre de Cîteaux, vient dans cette ville. Elle court à lui, le supplie de la sauver et, éclairé par une lumière toute divine, ce moine comprend qu’elle a été créée pour être une victime d’expiation, une réparatrice des injures infligées au Saint-Sacrement dans les églises ; il la console et lui décèle sa vocation de Carmélite.

Elle part pour Anvers, voit la mère Anne de Saint-Barthélémy, une Sainte, qui, prévenue de son arrivée par une vision de Sainte Térèse, l’admet dans le Carmel dont elle est la Vicaire-prieure.

Alors les obstacles diaboliques surgissent. Revenue chez son tuteur, en attendant son internement dans le cloître, elle tombe subitement paralysée, perd en même temps, l’ouïe, la parole et la vue. Elle parvient néanmoins à se faire assez comprendre pour exiger qu’on l’emporte telle qu’elle est au couvent où on la dépose à moitié morte. Là elle s’affaisse aux pieds de la mère Anne qui la bénit et la relève guérie. Le noviciat commence.

Malgré sa complexion délicate, elle pratique les jeûnes