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de cette époque ciselèrent l’ivoire et donnèrent aux custodes l’apparence d’une tour ; n’est-ce pas exquis le corps de Notre-Seigneur reposant dans le sein de la Vierge, dans la Tour d’ivoire des Litanies ? n’est-ce pas, en effet, la matière qui sied le mieux pour servir de reposoir à la très pure, à la très blanche chair du Sacrement ?

— Certes, c’est autrement mystique que les vases quelconques, que les ciboires en vermeil, en argent, en aluminium de notre temps !

— Faut-il vous rappeler maintenant que la liturgie assigne à tous les vêtements, à tous les ornements de l’Eglise, un sens différent, selon leur usage et selon leur forme ?

C’est ainsi, par exemple, que le surplis et l’aube signalent l’innocence ; le cordon qui nous ceint les reins : la chasteté et la modestie ; l’amict : la pureté du corps et du cœur, le casque de salut dont parle Saint Paul ; le manipule : les bonnes œuvres, la vigilance, les larmes et les sueurs que versera le prêtre pour conquérir et sauver les âmes ; l’étole : l’obéissance, le vêtement d’immortalité que nous rendit le baptême ; la dalmatique : la justice dont nous devons faire preuve dans notre ministère ; la chasuble ou planète : l’unité de la foi et son intégrité et aussi le joug du Christ…

Mais avec cela, la pluie continue et il est pourtant nécesaire que je m’en aille, car j’ai une pénitente qui m’attend. Voulez-vous venir me prendre après-demain, vers deux heures ; espérons qu’il fera alors assez beau pour visiter les dehors de l’église.

— Et s’il pleut encore ?

— Venez tout de même, répondit l’abbé qui serra la main de Durtal et s’enfuit.