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Bourges a voulu remémorer par ce nombre les cinq plaies du Christ ; il resterait alors à savoir pourquoi il a rangé toutes les blessures de Jésus sur une seule et même ligne, car cette Eglise n’a pas de transept, n’a pas de bras au bout desquels, on puisse, ainsi que d’habitude, marquer par une ouverture les trous des mains.

— Et la Cathédrale d’Anvers qui possède encore deux nefs de plus ?

— Elles signifient sans doute ces sept allées, les sept dons du Paraclet. Mais cette question de compte me mène à vous parler de la théologie numérale, de cet élément particulier qui entre aussi dans le thème si varié du symbolisme, poursuivit l’abbé. La science allégorique des nombres existait jadis. Saint Isidore de Séville et Saint Augustin la démêlèrent. Michelet, qui divagua dès qu’il entrevit une cathédrale, a reproché aux architectes du Moyen Age leur foi dans la signification des chiffres. Il les accuse d’avoir, dans la distribution de certaines parties des édifices, obéi à des règles mystiques, d’avoir, par exemple, restreint la quantité des fenêtres ou d’avoir disposé, suivant une combinaison d’arithmétique, des piliers et des baies. Ne comprenant pas que chaque détail d’une basilique avait un sens, était un symbole, il ne pouvait admettre que le calcul de ces symboles importait, puisqu’il pouvait en modifier la signification ou même complètement la changer. Ainsi un pilier isolé peut ne pas nécessairement indiquer un apôtre, mais si ces piliers sont au nombre de douze ils précisent l’acception que le constructeur leur prêta, en rappelant le chiffre exact des apôtres du Christ.

Quelquefois, il est vrai, pour éviter toute erreur, on