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Et voyant que Durtal l’écoutait, attentif, l’abbé vint se rasseoir et dit :

— Qu’est-ce qu’un symbole ? D’après Littré, c’est « une figure ou une image employée comme signe d’une autre chose » ; nous autres, catholiques, nous précisons encore cette définition en spécifiant, avec Hugues de Saint-Victor, que « le symbole est la représentation allégorique d’un principe chrétien, sous une forme sensible ».

Or, le symbole existe depuis le commencement du monde. Toutes les religions l’adoptèrent, et, dans la nôtre, il pousse avec l’arbre du Bien et du Mal dans le premier chapitre de la Genèse et il s’épanouit encore dans le dernier chapitre de l’Apocalypse.

L’Ancien Testament est une traduction anticipée des événements que raconte le Nouveau Livre ; la religion mosaïque contient, en allégorie, ce que la religion chrétienne nous montre en réalité ; l’histoire du peuple de Dieu, ses personnages, ses propos, ses actes, les accessoires même dont il s’entoure, sont un ensemble d’images ; tout arrivait aux Hébreux en figures, a dit saint Paul. Notre Seigneur a pris la peine de le rappeler à diverses reprises, à ses disciples et, Lui-même, a presque constamment, lorsqu’Il s’est adressé aux foules, usé de paraboles, c’est-à-dire d’un moyen d’indiquer une chose pour en désigner une autre.

Le symbole provient donc d’une source divine ; ajoutons maintenant, au point de vue humain, que cette forme répond à l’un des besoins les moins contestés de l’esprit de l’homme qui éprouve un certain plaisir à faire preuve d’intelligence, à deviner l’énigme qu’on lui soumet