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se servit de divers moyens pour l’arrêter dans l’heureux progrès de sa course. » — Et, en tournant de nouvelles pages, l’on discernait dans l’histoire d’un élu qui pleura lorsque mourut sa mère, cette excuse formulée en une grave périphrase : — « Après avoir donné aux justes sentiments de la nature ce que la grâce ne défend point en pareille occasion »…

Et c’étaient encore, çà et là, de solennelles et de cocasses définitions telles que celle-ci qui figure dans la vie de César de Bus : — « après un séjour à Paris qui n’est pas moins le trône du vice que la capitale du royaume, » et cela continuait en douze, en quinze tomes, dans cette langue quêtée, et cela finissait par édifier un alignement de qualités uniformes, une caserne de piété bête. De temps à autre, vaguement, les deux roussins semblaient s’animer et trotter poussivement un peu, alors qu’ils consignaient des détails qui les ravissaient sans doute ; et ils s’étendaient avec complaisance sur la vertu d’une Catherine de Suède ou d’un Robert de la Chaise-Dieu qui, à peine nés, réclamaient des nourrices sans péchés, ne voulaient sucer que des pis pieux ; ou bien encore, ils citaient, en s’énamourant, la chasteté de Jean le Silenciaire, qui n’usa jamais de bains pour ne pas alarmer, en se voyant, « ses yeux pudiques », dit le texte ; la modestie de Saint Louis de Gonzague qui craignait tant les femmes qu’il n’osait, de peur d’avoir de mauvaises pensées, regarder sa mère !

Consterné par la pénurie de ces désolantes rengaines, Durtal se jetait dans les monographies moins connues des Bienheureuses ; mais là encore, quelle barigoule de lieux communs, quelle colle d’onction, quelle bouillie de style !