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des fêtes décadaires, l’outrage de la déesse Raison vautrée sur l’autel à sa place, subi une immonde liturgie de cantiques obscènes s’élevant dans l’encens détonnant des poudres. — Et Elle avait dû pardonner en faveur de l’amour que lui témoignèrent les générations d’antan et de l’affection si timide et si vraie des humbles fidèles qui étaient, après la tourmente, revenus la voir.

Cette cave foisonnait de souvenirs. Plus sans doute qu’avec la fumée des cierges, la patine de ses murs s’était façonnée avec des vapeurs d’âme, des émanations de désirs accrus et de regrets ; aussi, quelle bêtise que d’avoir peint cette crypte en de bas pastiches des catacombes, que d’avoir sali l’ombre glorieuse de ces pierres, de couleurs qui disparaissaient d’ailleurs, ne montraient que des traces de râclures de palette dans la suie sainte des voûtes !

Durtal se ratiocinait ces réflexions, en partant du jardin, quand il rencontra l’abbé Gévresin qui se promenait, en lisant son bréviaire ; il s’enquit de savoir si Durtal avait communié.

En voyant que son pénitent en revenait toujours à la honte de son inertie et à cet état de comateuse doléance dans lequel le plongeait la transe du Sacrement, le vieux prêtre lui dit :

— Vous n’avez pas à vous soucier de cela ; vous n’avez qu’à prier de votre mieux ; le reste me regarde — que votre condition peu triomphale d’âme vous rende au moins humble, c’est tout ce que je vous demande.

— Humble ! je le suis autant qu’une gargoulette ; je sue ma vanité, de même qu’elle, sue son eau par tous les pores !