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par bonté, naître laide et obscure, pour mieux consoler les disgraciés, les déshérités dont Elle empruntait l’image.

Et Durtal reprenait :

— Quelle crypte que celle où, pendant tant de siècles, ont défilé les rois et les reines ! Philippe-Auguste et Isabelle de Hainaut, Blanche de Castille et Saint Louis, Philippe de Valois, Jean le Bon, Charles V, Charles VI, Charles VII, Charles VIII et Anne de Bretagne, puis François Ier, Henri III et Louise de Vaudemont, Catherine de Médicis, Henri IV qui fut sacré dans cette Cathédrale, Anne d’Autriche, Louis XIV, Marie Leczinska… et tant d’autres… toute la noblesse de France et Ferdinand d’Espagne et Léon de Lusignan, dernier roi d’Arménie, et Pierre de Courtenay, empereur de Constantinople… tous agenouillés ainsi que les pauvres gens d’aujourd’hui, implorant, eux aussi, Notre-Dame de Sous-Terre.

Et ce qui était plus intéressant encore, la Vierge avait, dans ce lieu, accompli force miracles. Elle avait sauvé des enfants tombés dans le puits des Saints Forts, préservé les gens qui gardaient la relique de son vêtement, alors que la basilique flambait au-dessus d’eux, guéri les foules affolées par le mal des Ardents au Moyen Age, répandu à pleines mains, ses grâces.

Les temps étaient bien changés, mais de ferventes ouailles s’étaient prosternées devant la statue, avaient renoué les liens rompus par les ans, capté, en quelque sorte, la Vierge dans un filet de prières et, au lieu de fuir comme ailleurs, Elle s’était fixée à Chartres.

Par une inconcevable mansuétude, Elle avait toléré l’affront