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— Et la sorcellerie et l’alchimie en plus ! Un mémoire que les héritiers de Gilles adressèrent au roi, nous révèle que cette immense fortune fondit en moins de huit ans.

Un jour, ce sont les seigneuries de Confolens, de Chabanez, de Châteaumorant, de Lombert, qui sont cédées à un capitaine de gens d’armes, pour un vil prix ; un autre, c’est le fief de Fontaine-Milon, ce sont les terres de Grattecuisse qu’achète l’évêque d’Angers, la forteresse de Saint-Étienne de Mer Morte qu’acquiert Guillaume Le Ferron, pour un bout de pain ; un autre encore, c’est le château de Blaison et de Chemillé qu’un Guillaume de La Jumelière obtient à forfait et ne paye pas. Mais, il y en a, tiens, regarde, toute une liste de châtellenies et de forêts, de salines et de prés, dit Durtal, en déployant une longue feuille de papier sur laquelle il avait relevé, par le menu, les achats et les ventes.

Effrayée de ces folies, la famille du Maréchal supplia le Roi d’intervenir ; et, en effet, en 1436, Charles VII « sûr, dit-il, du mauvais gouvernement du sire de Rais, » lui fit, en son grand Conseil, et par lettres datées d’Amboise, défense de vendre et aliéner aucune forteresse, aucun château, aucune terre.

Cette ordonnance hâta tout simplement la ruine de l’interdit. Le grand Pince-Maille, le Maître Usurier du temps, Jean V, duc de Bretagne, refusa de