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altière, tout élan vers le surnaturel et l’au-delà. Il a si bien représenté les idées bourgeoises qu’il semble, ma parole, issu de l’accouplement de Lisa, la charcutière du Ventre de Paris, et de Homais !

— Mâtin, tu y vas, toi, répondit Durtal, d’un ton piqué. Il ralluma sa cigarette, puis : le matérialisme me répugne tout autant qu’à toi, mais ce n’est pas une raison pour nier les inoubliables services que les naturalistes ont rendus à l’art ; car enfin, ce sont eux qui nous ont débarrassés des inhumains fantoches du romantisme et qui ont extrait la littérature d’un idéalisme de ganache et d’une inanition de vieille fille exaltée par le célibat ! — En somme après Balzac, ils ont créé des êtres visibles et palpables et ils les ont mis en accord avec leurs alentours ; ils ont aidé au développement de la langue commencé par les romantiques ; ils ont connu le véritable rire et ont eu parfois même le don des larmes, enfin, ils n’ont pas toujours été soulevés par ce fanatisme de bassesse dont tu parles !

— Si, car ils aiment leur siècle et cela les juge !

— Mais que diable ! Ni Flaubert ni les de Goncourt ne l’aimaient, leur siècle !

— Je te l’accorde ; ils sont, ceux-là, de probes, et de séditieux et de hautains artistes, aussi je les place tout à fait à part. J’avoue même, et sans me