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homme qui est instruit, qui n’est pas le premier venu, exerce-t-il un métier qui est un métier de manœuvre… d’ouvrier, en somme ?

— S’il t’entendait ! — Mais, mon ami, les campaniers du Moyen Âge n’étaient point de misérables hères ; il est vrai que les sonneurs modernes sont bien déchus. Quant à te dire pourquoi Carhaix s’est épris des cloches, je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il a fait en Bretagne des études au séminaire, qu’il a eu des scrupules de conscience, ne s’est pas cru digne du sacerdoce, et qu’à Paris où il est venu, il a été l’élève d’un maître sonneur fort intelligent et très lettré, le père Gilbert, qui avait dans sa cellule, à Notre-dame, des vieux plans de Paris si rares. Celui-là n’était pas non plus un artisan, mais bien un collectionneur enragé des documents relatifs au vieux Paris. De Notre-dame, Carhaix a passé à Saint-Sulpice où il est installé depuis plus de quinze ans déjà !

— Et toi, comment l’as-tu connu ?

— En qualité de médecin d’abord ; puis, je suis devenu son ami, depuis dix ans.

— C’est drôle, il n’a pas cette allure de jardinier sournois qu’ont les anciens élèves des séminaires.

— Carhaix en a, pour quelques années encore, dit des Hermies, comme se parlant à lui-même ;