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sang qui en sortait. On assure même qu’il guérissait certains maux !

— Grâce à ses profondes connaissances en Astrologie, dit Gévingey.

— Mais, demanda Durtal, si l’influence sidérale est si nécessaire à étudier, pourquoi ne faites-vous pas d’élèves ?

— Des élèves ! mais où dénicher des gens qui consentent à travailler pendant vingt années, sans profit et sans gloire ? car avant d’être en mesure d’établir un horoscope, il faut être un astronome de première force, savoir les mathématiques à fond et avoir longuement pâli sur l’obscur latin des vieux maîtres ! — Et puis, il faut aussi la vocation et la foi, et c’est perdu !

— Comme pour les accordants, dit Carhaix.

— Non, voyez-vous, Messieurs, reprit Gévingey, le jour où les grandes sciences du Moyen Âge ont sombré dans l’indifférence systématique et hostile d’un peuple impie, ça a été la fin de l’âme, en France ! Il ne nous reste plus maintenant qu’à nous croiser les bras et à écouter les insipides propos d’une Société qui, tour à tour, rigole et grogne !

— Allons il ne faut pas désespérer ainsi ; ça ira mieux, dit la maman Carhaix, d’un ton conciliant ; et, avant de se retirer, elle donna une poignée de main à chacun de ses hôtes.