Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh, oh ! fit Gévingey, mais ce n’est pas de la purée de pommes de terre !

— Si, seulement le dessus a été gratiné au four de campagne ; — goûtez-là ; j’ai mis tout ce qu’il faut dedans, elle doit être bonne.

Le fait est qu’elle était savoureuse et qu’ils l’acclamèrent ; puis ils se turent, car il devenait impossible de s’entendre. Ce soir-là, la cloche bôombait, plus puissante et plus claire. Durtal cherchait à analyser ce bruit qui semblait faire tanguer la chambre. Il y avait comme une sorte de flux et de reflux de sons ; d’abord, le choc formidable du battant contre l’airain du vase, ensuite une sorte d’écrasement de sons qui se diffusaient, finement pilés, en rotondant ; enfin le retour du battant dont le nouveau coup ajoutait dans le mortier de bronze, d’autres ondes sonores qu’il broyait et rejetait, dispersées dans la tour.

Puis ces volées s’espacèrent ; ce ne fut plus bientôt que le ronronnement d’un énorme rouet ; quelques gouttes restèrent plus lentes à tomber, et Carhaix rentra.

— Quel temps biscornu ! fit Gévingey, pensif ; on ne croit plus à rien et l’on gobe tout. On invente, chaque matin, une science neuve ; à l’heure actuelle, c’est cette La Palissade qu’on nomme la démagogie qui trône ! Et personne ne lit plus cet admirable Paracelse qui a tout retrouvé, qui a