Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On monte, fit Durtal, qui entendait crier des semelles sur les marches en pierre de la tour.

— Non, ce n’est point lui, reprit-elle, en ouvrant la porte. C’est le pas de M. Gévingey.

Et, en effet, vêtu de son caban bleu, coiffé de son chapeau mou, l’astrologue entra, salua comme au théâtre, froissa contre les bijoux de ses grosses pattes, les doigts des assistants et demanda des nouvelles du sonneur.

— Il est chez le charpentier ; les sommiers de chêne qui soutiennent les grosses cloches se sont fendus, si bien que Louis a peur qu’ils ne s’effondrent.

— Diantre !

— A-t-on des nouvelles de l’élection ? dit Gévingey ; et il tira sa pipe et souffla dedans.

— Non, dans ce quartier, l’on ne connaîtra les résultats du scrutin que ce soir, vers les dix heures. Du reste, les votes ne sont point douteux, car Paris bat la breloque ; le général Boulanger passera, haut la main, cela est sûr.

— Un proverbe du Moyen Âge affirme que lorsque les fèves fleurissent, les fous se montrent. Ce n’est cependant pas l’époque !

Carhaix entra, s’excusa de son retard et tandis que sa femme apportait la soupe, il chaussa ses galoches et répondit à ses amis qui le questionnaient :

— Oui, l’humidité a rongé les frettes de fer et