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— Allons jusqu’à la place Saint-Sulpice, dit des Hermies, et après un silence :

En fait de poussière, considérée alors comme rappel des origines et souvenance des fins, sais-tu qu’après notre mort, nos charognes sont dépecées par des vers différents, suivant qu’elles sont obèses ou qu’elles sont maigres ? Dans les cadavres des gens gras, l’on trouve une sorte de larves, les rhizophages ; dans les cadavres des gens secs, l’on ne découvre que des phoras. Ceux-là sont évidemment les aristos de la vermine, les vers ascétiques qui méprisent les repas plantureux, dédaignent le carnage des copieuses mamelles et le ragoût des bons gros ventres. Dire qu’il n’y a même pas d’égalité parfaite dans la façon dont les larves préparent la poudre mortuaire de chacun de nous !

À propos, c’est ici que nous nous arrêtons, mon cher. Ils étaient arrivés au coin de la rue Férou et de la place. Durtal leva le nez et sur un porche ouvert dans le flanc de l’église Saint-Sulpice, il lut cette pancarte : on peut visiter les tours.

— Montons, fit des Hermies.

— Pourquoi faire ? Par ce temps !

Et Durtal désigna du doigt des nuages noirs qui fuyaient, tels que des fumées d’usines, dans un firmament limoneux, si bas, que les tuyaux en fer-blanc des cheminées semblaient entrer dedans et le créneler, au-dessus des toits, d’entailles claires.