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Bonfous, rue neuve Nostre Dame, à l’enseigne Saint Nicolas, 1584 ».

Puis, reprit des Hermies, en feuilletant ce bouquin, la magie naturelle ou plutôt la simple thérapeutique de ce temps, prête de nouveaux sens aux gemmes ; tiens, écoute :

Après avoir tout d’abord célébré une pierre inconnue, « l’Alectorius » qui rend invincible son possesseur, lorsqu’on l’a tout d’abord tirée du ventre d’un coq, chaponné depuis quatre ans, ou arrachée du ventricule d’une géline, Porta nous apprend que la calcédoine fait gagner les procès, que la cornaline calme le flux du sang et « est assez utile aux femmes qui sont malades de leurs fleurs », que l’hyacinthe garantit de la foudre et éloigne les pestilences et les venins, que la topaze dompte les passions lunatiques, que la turquoise profite contre la mélancolie, la fièvre quarte et les défaillances du cœur. Il atteste enfin que le saphir préserve de la peur et conserve les membres vigoureux, alors que l’émeraude, pendue au col, contregarde le mal de Saint Jean et se brise, dès que la personne qui la porte n’est pas chaste.

Tu le vois, l’antiquité, le christianisme, la science du xvie siècle ne s’entendent guère sur les vertus spécifiques de chaque pierre ; presque partout, les significations, plus ou moins cocasses, diffèrent.