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les cancers deviennent des bobos anodins et les aveugles voient clair ! Et voilà tout ce qu’ils ont trouvé pour nier le surnaturel de certaines cures ! On se demande vraiment pourquoi ils n’usent pas eux-mêmes de cette méthode, puisque c’est si simple !

— Mais est-ce qu’ils ne l’ont pas essayée ?

— Oui, pour quelques maux. J’ai même assisté aux épreuves que le Dr  Luys a tentées. Eh bien, c’est du joli ! Il y avait, à la Charité, une malheureuse fille paralysée des deux jambes. On l’endormait, on lui commandait de se lever ; elle se remuait en vain. Alors deux internes la prenaient sous les bras et elle pliait, douloureuse, sur ses pieds morts. Ai-je besoin de te dire qu’elle ne marchait point et qu’après l’avoir traînée ainsi, pendant quelques pas, on la recouchait, sans qu’aucun résultat fût jamais acquis ?

— Mais voyons, le Dr  Johannès ne guérit point indistinctement tous les gens qui souffrent ?

— Non, il ne s’occupe que des maladies issues des maléfices. Il se déclare inapte à refréner les autres qui regardent que les médecins, dit-il. C’est le spécialiste des maux sataniques ; il soigne surtout les aliénés qui sont, d’après lui, pour la plupart, des gens vénéficiés, possédés par des Esprits, et par conséquent rebelles au repos et aux douches !