Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Raison de plus, riposta Carhaix ; si la Société est telle que vous la dépeignez, il faut qu’elle croule ! Oui, moi aussi, je pense qu’elle est putréfiée, que ses os se carient, que ses chairs tombent ; elle ne peut plus être, ni pansée, ni guérie. Il est donc nécessaire qu’on l’inhume et qu’une autre naisse. Dieu seul peut accomplir un tel miracle !

— Évidemment, fit des Hermies, si l’on admet que l’ignominie de ces temps est transitoire, l’on ne peut compter pour la faire disparaître que sur l’intervention d’un Dieu, car ce n’est pas le socialisme et les autres billevesées des ouvriers ignares et haineux, qui modifieront la nature des êtres et réformeront les peuples. C’est au-dessus des forces humaines, ces choses-là !

— Et les temps attendus par Johannès sont proches, clama Gévingey. En voici des preuves bien manifestes. Raymond Lulle attestait que la fin du vieux monde serait annoncée par la diffusion des doctrines de l’Antéchrist, et ces doctrines, il les définit : ce sont le Matérialisme et le réveil monstrueux de la Magie. Cette prédiction s’applique à notre temps, je pense. D’autre part, la bonne nouvelle doit se réaliser, a dit saint Mathieu, lorsque « le comble de l’abomination sera constaté dans le Lieu Saint ». Et il y est ! voyez ce Pape peureux et sceptique, plat et retors, cet épis-